La belette et la martre réhabilitées

Un communiqué de Pierre Athanase, Président de l'ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages):
Par un arrêté ministériel publié au Journal Officiel le 11/12/2008, la
martre et la belette sont retirées de la liste des animaux « nuisibles ». Et le putois ?
L’ASPAS, qui milite depuis longtemps avec de nombreuses associations
pour cette mesure, enregistre avec satisfaction cette décision qui fait
avancer la protection de la faune sauvage et de la nature.
Si elle a obtenu à de très nombreuses reprises, grâce à son travail
juridique, le déclassement de ces espèces au niveau départemental,
l’ASPAS se réjouit que ce déclassement soit enfin reconnu au niveau
national.
En l’état actuel de la biodiversité la notion de nuisibilité est en
complet décalage avec la contrainte de conservation des espèces,
constamment fragilisées par la pression croissante des activités
humaines et de la connaissance que nous avons aujourd’hui de la biologie
des espèces.
Cette décision est une véritable avancée, et nous saluons le courage du
ministre de l’écologie qui a su résister aux pressions du monde de la
chasse. Celles-ci se sont opposées à cette mesure de bon sens. Mais nous
regrettons que le putois, de la même famille que la martre et la
belette, n’ait malheureusement pas été déclassé alors que cette espèce
en a besoin. C’est le seul animal de notre faune à être capable de
limiter les populations de rat musqué et de rat d’égout, c’est également
une espèce en mauvais état de conservation, de plus en plus rare dans de
nombreux département français. Le putois est pourtant aujourd’hui
toujours classé « nuisible » dans de nombreux départements.
L’ASPAS demande au Ministère de l’écologie de persister dans la voie
d’une meilleure prise en compte des espèces, et de retirer au plus vite
le putois de la liste des espèces « nuisibles ».
L’ASPAS continue son action pour la réhabilitation des espèces dites
« nuisibles » et pour une refonte des instances de concertation qui
encadrent la chasse. Celles-ci ne sont bien trop souvent que des
chambres d’enregistrement des toutes puissantes fédérations de chasse.
La prise en compte de notre environnement ne peut faire l’impasse sur
une réelle modernisation de la chasse qui reste enfermée dans des
schémas antiques en complet décalage avec l’état des milieux et l’état
de notre biodiversité, mais également de la sociologie de notre pays.

Malheureusement à la campagne ils font l'amalgame avec le renard pour eux c'est tout des voleurs de poules ,(moi j'ai même vu une chouette effraie clouée après une porte de grange) Mehdi

Bonsoir,

Tout à fait d'accord cette analyse, notamment en ce qui concerne le dernier paragraphe.

Je souhaitais aussi apporter quelques précisions aux sujets de

"... l'amalgame avec le renard... " : A la campagne, les paysans ont une grande connaissance du comportement de la faune qui gravite dans leur environnement. Si amalgame il y avait, c’est parce qu’ils entretenaient la confusion sur le motif de la capture de l’animal. Ils l’accusaient de tuer les poules et de voler les œufs alors qu’il s’agissait simplement de les occire pour vendre leurs peaux au marché ou à la foire de la « sauvagine » qui se tenait dans les petites villes rurales jusqu’à la fin des années 50. Cela leur procurait une source de revenus supplémentaires notamment pour les paysans pauvres ; ceux qui l’étaient moins trouvaient ce prétexte pour n’être pas accusés de cupidité et il leur était indifférent de passer pour des ignares aux yeux des non-initiés à ces pratiques. Par contre, leur réputation de roublardise n’était, elle, pas usurpée et celle de voleur de poules attribuée aux mustélidés est surtout le fait des « néo-ruraux » qui s’installent à la campagne. Les vieilles croyances perdurent dans la mémoire collective.

Le fait de "clouer une chouette effraie sur une porte de grange" avait deux fonctions :
- La première était d’ordre pratique car elle était réputée vouloir nicher dans les pigeonniers (parfois intégrés dans l'architecture des granges) et donc d’effrayer les pigeons déjà en place et de manger leurs œufs. Ce qui était inadmissible car la chair et les fientes (colombine) étaient d’un excellent rapport. Clouer un cadavre de chouette bien en évidence était censé dissuader ses congénères de vouloir squatter la place laissée libre et, très certainement aussi, à titre d’« exemple » comme un exutoire à la colère d’avoir été spolié d’une part de revenus.
- La seconde relève de la superstition. Oiseau de nuit, surgissant silencieusement de nulle part telle une ombre fantomatique, avec ses hululements (chouette chevêche) ou chuintements (chouette « effraie ») lugubres, elle incarnait la mort ; la voir ou l’entendre présageait du malheur. Son corps cloué servait à se protéger du mauvais œil et des mauvais esprits. Sous d’autres aspects, cette pratique universelle et intemporelle perdure aussi dans notre société moderne.

En espérant que vous me pardonnerez d’avoir été si bavarde ...

Catinou quand c'est intéressant c'est jamais trop long en plus je comprend mieux la chouette clouée à une porte de grange Mehdi

merci pour les précisions, c'est interessant

oui effectivement elles sont tres interessantes les précisions de Catinou

Merci à vous tous de l'intérêt que vous portez à ces "chroniques paysannes". J'en ai quelques unes en mémoire que je vous relaterais au hasard des sujets ...

C'est aussi très bon pour moi ,à chacun de parler selon comme dit Catinou les sujets abordés ,d'apporter sa pierre à l'édifice ,c'est sure que quand on parle de la France c'est pas facile de glisser fennec,chacal ,gerboise mais en d'autre circonstance si, continue ma Catinou Mehdi

Mehdi, dans "Lorraine terre de sorcières", la chouette est associée à la sorcellerie. Nombreux sont ceux qui croient encore que quand une chouette se pose sur un rebord de fenêtre, quelqu'un va mourir dans la maison

Kenavo

En Algérie les soldats Français mettaient des oiseaux de proies les ailes ouvertes accrochés devant les GMC ?pourquoi ?pour faire peur aux villageois je n'ai jamais compris cela ?ils ne sont pas tués la bas par les gens ils seraient plutôt utilisés pour la chasse Mehdi

Toutes les régions n'ont pas la même réaction devant les oiseaux de proies nocturnes. Ici le fait d'avoir une chouette dans le grenier où il entreposait ses céréales était une aubaine pour le paysan, sa présence signifiant l'absence des rongeurs, certains allaient même jusqu'à favoriser sa venue en aménageant des trous au niveau du faîte pour permettre à ces animaux de mieux pouvoir pénétrer.
Quant au légendaire de la mort, en Bretagne, il est tout autre que dans beaucoup d'autres régions, plus que la chouette, on craint plutôt l'Ankou et tout le petit peuple de la nuit...mais çà c'est une autre histoire.
Je ne connaissait pas l'anecdote des oiseaux de proie sur les GMC, mais par contre ce n'aura pas été la première fois qu'il auront servi de symbole guerrier, il en a été de même en Chine chez les empereurs de la guerre et plus près de chez nous souvenons-nous de l'Aigle impérial, cher à César et Napoléon, mais là je pense que c'est plus la puissance de l'animal qui été évoquée, voir héraldique de l'aigle :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Aigle

Une nouvelle fois, la martre et la belette changent de statut juridique. Sorties en 2002 de la liste des espèces dites « nuisibles », puis réintégrées, puis ressorties en 2008 grâce à Jean-Louis Borloo , elles sont à nouveau précipitamment intégrées par le ministère de l’écologie ! Ce qui reste du Grenelle prend un nouveau coup. La réalité biologique du statut de « nuisible » aussi.
Nul argument technique ou scientifique à ce revirement, mais une simple raison politique. A l’approche des élections européennes, c'est la chasse aux voix. Et celles des chasseurs sont promises par la puissante Fédération nationale des chasseurs en échange de quelques cadeaux, aux rangs desquels le retour immédiat de ces deux mustélidés sur la liste des espèces « nuisibles ».

Eh oui, on est en 2009 mais il y a toujours des gens décisionnaires qui ne pensent qu'à leur nombril !

Nicolas