Ben voilà il n'y a qu'à demander Mehdi
Un exposé d'Abdel, étudiant en 1ère année d'histoire à Arras
Merci à lui
INTRODUCTION :
Le lion de Belfort est une sculpture monumentale, représentant un lion couché qui repose sur un piédestal. Il mesure 22m de long sur 11m de hauteur. Il a été conçu avec du Grès rouge des Vosges.
Ce n’est pas une sculpture ronde et basse en 3 dimensions autour de laquelle on peut tourner, c’est un très haut relief fixé sur le rocher qui surplombe la ville et supporte la citadelle. Le piédestal est fait de la même matière que le lion, la roche est taillée derrière le monument pour que la sculpture se détache mieux de la paroi. Ce lion aux lignes sobres, simples exprime une formidable puissance.
L’auteur de cette œuvre est Frédéric-Auguste Bartholdi, né à Colmar dans Le Haut-Rhin le 2 août 1834, il est issu d’une famille bourgeoise, protestante. Son père décède alors qu’il n’avait que 2 ans, sa mère décide de partir à Paris. Le jeune artiste suit des études au lycée Louis Legrand, mais il préfère le dessin et ses résultats scolaires sont assez médiocres.
Pendant ces vacances à Colmar, un professeur Mr Rossback lui fait prendre très vite conscience de son talent. Dès son retour à Paris il suit des cours de sculptures d’Antoine Etex spécialiste des œuvres monumentales. Il est aussi initié à l’architecture par Henri Labrousse et Viollet-le-Duc.
En 1856, il entreprend un voyage en Egypte en compagnie de nombreux artistes. Ce voyage lui fait comprendre qu’un sculpteur doit se doubler d’un architecte.
Comment Bartholdi à travers sa sculpture, parvient à exalter la gloire de toute une région et de tout un peuple ?
Pour cela dans un premier temps nous allons nous intéresser à l’historique de l’œuvre, aux raisons qui ont amenées Bartholdi à réaliser cette œuvre, puis dans un second temps l’aspect technique et les difficultés qu’il a rencontrés, enfin comment l’œuvre a été perçue par les contemporains de l’époque, l’engouement et la dérive qu’elle a suscité.
I) L’historique de l’œuvre :
Pour mieux comprendre cette œuvre, il est important de savoir dans quel contexte elle fut réalisée, et surtout qu’est-ce qu’elle représente.
1) Le siège de Belfort :
En juillet 1870 la France entre en guerre contre la Prusse. Le patriotisme de Frédéric Bartholdi le conduit à s’engager dans le conflit, il participe à l’organisation de la défense de Colmar puis devient aide de camp de Garibaldi. Bartholdi est également ébranlé par le siège de Belfort, et par la défense héroïque dirigée par le jeune Commandant Aristide Denfert-Rochereau nommé commandant de la place forte de Belfort. La population va lutter héroïquement pendant 103 jours face aux assaillants bien plus nombreux, et très bien équipés. Elle est soumise à un déluge de feu qui va durer 73 jours, et causer des destructions considérables.
Son héroïque résistance vaut à la ville d’être détachée du Haut-Rhin annexé, et de former avec 105 communes proches, le territoire de Belfort.
2) La reconnaissance nationale, un projet commémoratif :
Le 5 décembre 1871, le conseil municipal de la ville décide d’organiser un concours en vue de l’érection d’un monument à la mémoire des victimes civiles et militaires du conflit. L’emplacement choisi est le pré Gaspard qui prendra très vite la dénomination de « Cimetière des mobiles » car le terrain servit de lieu de sépulture durant le siège. Mais le maire ne reçut que deux propositions, il annonce officiellement que le marbre sera offert par la maison Meyol d’Héricourt.
Par le conseil d’un de ces amis, le maire décide de s’adresser directement à Bartholdi au début de l’année 1872.
Dans un courrier du 16 mars l’artiste précise sa pensée sur la portée générale du monument, et insiste sur l’importance du choix de son emplacement, point sur lequel il ne partage pas le même avis que les autorités locales. Selon lui : « il faut éviter que l’œuvre ne soit applicable à n’importe quelle ville, il faut montrer le caractère original, bien spécial et digne du patriotisme de Belfort. Il faut que ce monument ne soit pas dans un lieu perdu mais qu’il soit au contraire bien en vue ; qu’il devienne chose nécessaire à l’œil. Il doit vivre avec la vie publique, devenir un aspect de la ville et s’identifier à elle ».
C’est de là que lui vient l’idée du lion, symbole de fermeté, de résistance, et de vaillance.
Inspiré par son voyage en Egypte où il fut fasciné par les sphinx dont il fait plusieurs dessins et depuis la découverte d’un monument antique Grec à Chéronée, qui célèbre le patriotisme des assiégés sous la forme d’un lion imposant.
Bartholdi motive son choix du rocher de la forteresse sur la rive droite, au nord ouest de la ville, situé sous le château et sur une terrasse verdoyante, il se profile sur la paroi grise de la falaise qui supporte sa sculpture. Dans une lettre datée du 12 août 1872 il dit : « placé là, le monument s’identifiera à l’aspect de la forteresse, il sera une sorte de palladium visible de partout » il ajoute : « ce n’est ni une victoire, ni une défaite que le lion doit rappeler, c’est une lutte glorieuse dont il faut transmettre la tradition pour la perpétuer »
II) LA CONSTRUCTION DE L’ŒUVRE MONUMENTALE :
1) L’aspect technique :
La construction fut décidée dès décembre 1871, une souscription est lancée et rapporte le double de la somme escomptée, soit 50000frs. Mais les dépenses initialement envisagées se sont très fortement accrues.
Le lion qui au départ devait s’élever sur une hauteur de 4m est finalement prévu sur une hauteur de 11m. Au final les rentrées financières provenant d’Europe et du Canada s’élèvent à 92000frs. Bartholdi exécute d’abord une peinture sur une toile de grandeur nature pour la placer sur le rocher enfin de mieux appréhender les proportions finales et la couleur de la sculpture. Après une longue période de recherche et de réflexion en juin 1875 les travaux de terrassement commencent, les premiers échafaudages sont posés en 1876, un an après le soubassement est achevé, les blocs qui forment le lion sont taillés dans un atelier près du rocher, il débute par assembler les blocs en commençant par la queue de l’animal qu’il considère comme : « un long serpent allongé sur la roche ».
Dans un souci d’unité Bartholdi a préféré sculpter ses blocs dans le grès rouge des Vosges de la carrière de Clairegoutte, plutôt que la pierre blanche envisagée à l’origine. Le sculpteur avait exécuté de nombreuses maquettes en plâtre et en bronze dans le souci constant de précision. On y décèle une certaine hésitation quant à la position définitive de l’animal. Afin de mieux maîtriser l’anatomie du félin, Bartholdi se rend souvent au jardin des plantes à Paris et dessine des lions.
Le sculpteur hésite aussi quant à l’orientation définitive à donner à la tête : de profil ou de trois quart. Il hésite sur la position de la patte et sur ce quelle doit maîtriser. Il se décide finalement pour un lion de trois quart, dont la patte écrase une arme brisé.
Le sculpteur définit son projet ainsi : « le monument représente sous forme colossale un lion harcelé, acculé et terrible encore dans sa fureur… »
2) Querelles politiques, ou la population peu reconnaissante :
Le 14 janvier 1880, l’œuvre est considérée comme presque achevée, les échafaudages sont définitivement enlevés, après 8 ans d’attente qui ont suscitées de nombreuses polémiques et mécontentements au sein de la population qui considère que Bartholdi a mis trop de temps à réaliser son œuvre ; de plus la municipalité tarde à inaugurer le monument.
Bartholdi décide de financer lui-même une cérémonie informelle au soir du 29 août 1880, il illumine sa sculpture par des feux de Bengale lors d’une retraite en musique. L’effet produit impressionne les Belfortains qui assistent à la scène, mais l’évènement n’est pas à la hauteur de l’œuvre.
Les différents qui opposent le sculpteur à la ville éclatent au grand jour. La municipalité avait songé un moment à remercier l’artiste par la remise d’une décoration, une médaille d’or frappée à la monnaie de Paris, de plus Bartholdi n’avait demandé aucune rétribution financière pour son œuvre, mais Jean Nicolas Simon nouveau maire rival de l’ancien, vote le 14 avril 1882 la décision de différer la cérémonie.
Bartholdi va même intenter un procès à la municipalité, qu’il accuse d’avoir subventionné sur les fonds alloués au lion de Belfort un nouveau monument sur la place d’Armes, alors que l’artiste destinait cet argent à la mise en valeur du lion, à l’inscription commémorative sur le piédestal, malheureusement l’artiste perd le procès.
Lors du salon de sculpture de 1878 à Paris, Bartholdi expose hors concours un modèle en plâtre reproduisant le lion au tiers de sa taille définitive. Le conseil municipal parisien est très attiré par cette œuvre, qui en trois dimensions pourrait être érigée sur une grande place de la capitale. La mairie de paris en fait donc l’acquisition pour la somme de 20000frs. Elle est donc installée sur la place Denfert Rochereau, le monument mesure 4 mètres de haut et 7 mètres de long. Le lion provoqua un énorme engouement chez les parisiens qui s’empressent pour voir le monument. En ce qui concerne le lion Belfort, il faut attendre les retombées des passions et l’activité touristique que le lion suscite pour que les autorités municipales revendiquent fièrement son appartenance à la ville.
III) LA NAISSANCE D’UN MYTHE :
1) Un lion à la « hauteur » du siège :
Bartholdi n’a pas seulement voulu faire de son lion un monument commémoratif, mais le symbole de la ville qui s’identifie à elle. Il veut que son lion soit grand et fort à l’image de la résistance de la ville lors du siège.
Pourquoi alors l’idée du lion ?
Le lion depuis l’antiquité, et dans toutes les civilisations est le symbole de puissance, et de souveraineté. On le trouve comme le soutien du trône de Salomon, ou celui des rois de France. Le rugissement de l’animal représente la force pénétrante de la loi, et son pouvoir d’ébranlement dans l’espace et dans le temps. Chez les Égyptiens comme chez les chrétiens, il est le signe de la résurrection. Son lion défend Belfort comme les sphinx défendaient les pyramides, on y voit là l’influence du voyage en Egypte sur l’artiste.
Bien au-delà de la ville de Belfort, le lion apparaît aujourd’hui comme le modérateur des ardeurs belliqueuses, écrasant de sa patte les armes brisées d’un combat devenu inutile. S’il rappelle certes le sentiment national, son regard est avant tout porté vers le futur, Bartholdi l’avait pressenti en écrivant : « Je suis obligé d’apporter tous mes efforts, l’œuvre est trop importante pour ne pas avoir une influence sur l’avenir »
Quantités de légendes concernant l’animal sont transmises de bouche à oreille. Certaines d’entre elles racontent qu’il serait creux, une machinerie serait cachée à l’intérieur, ou encore un souterrain partirait de ces entrailles et le ferait communiquer avec le Château. D’autres affirment qu’une nuit des rugissements sont parvenus jusqu’à la ville. Plus étrange encore, après la mort de l’artiste le 05 octobre 1904, une rumeur courut, et court encore, selon laquelle l’artiste se serait suicidé car il aurait oublié de sculpter une langue dans la gueule du fauve. Rumeur infondée puisque l’artiste est décédé de mort naturelle, bien après l’érection du monument, et l’attitude dans laquelle est figé l’animal ne permet pas de faire apparaître la langue.
2) La récupération publicitaire :
A partir des années 1880, l’image du lion est exploitée à des fins publicitaires. Le lion représente le trait d’union entre tous les habitants de la commune. Une fête autour du lion est organisée le 5 et 6 avril 1896, à l’occasion de la commémoration des 25 ans de la levée du siège de la ville.
Le lion devient en quelque sorte un animal familier apprivoisé par tous, qui inspire la bienveillance et constitue une proie facile pour les négociants de « tout poil »
Assiettes, gravures, montres, miniatures du lion, lui sont dédiées. Les industriels l’exploitent pour tout types de produits, lessives, épiceries.
Bartholdi est farouchement opposé à cette déroute, et à l’exploitation commerciale de son œuvre, il va même intenter des procès qu’il gagne.
Le lion de Belfort a aussi inspiré beaucoup de poètes dont certains ne manqueront pas de talent pour évoquer leur attachement tant à l’œuvre qu’à son symbole.
CONCLUSION :
Bartholdi n’a pas voulu seulement faire de son œuvre une sculpture commémorative comme on en trouve dans toutes les grandes villes en France ; il voulait faire de son lion un symbole à l’échelle nationale, la reconnaissance de tout le peuple français. Mais il voulut qu’il soit propre au territoire de Belfort, car comme le dit l’adage populaire : « qui dit Belfort dit lion »
L’exaltation de la gloire nationale de part le caractère romantique de cette œuvre révèle le sentiment de fierté et de revanche de la France de l’époque.
6 ans de chantier auront été nécessaires pour que le lion voit le jour. Cet ouvrage est une des œuvres les plus connues de Bartholdi ; auteur en partenariat avec Gustave Eifel et Viollet-le-Duc, de la statue de la liberté installée dans la baie de New York, et inaugurée en 1886.
En plus du célèbre lion, un autre monument de Bartholdi toujours à Belfort dans la vieille ville, rappelle le tragique passé militaire : « le monument des trois sièges » représentant trois personnages de la résistance belfortaine : le Commandant Legrand, le Général Lecourbe, et le Colonel Denfert Rochereau.
Ces trois célèbres œuvres de Bartholdi se caractérisent par leur l’aspect commémoratif, propre à l’artiste. Mais toutefois son lion dans toute sa carrière de sculpteur, parait être une exception, car c’est une sculpture animalière, de plus elle est monumentale alors que les gens de l’époque étaient plutôt habitués à de petites sculptures animalières, de Ponpon, et Bary.
Il réalisa ces œuvres malgré les conflits qui l’opposaient à la ville, et alors que cette dernière lui promettait une médaille d’or qui ne fut jamais frappée. Bartholdi se rassure et se dit que sous d’autres cieux on reconnaîtra bien plus son talent.
ça va c'est pas trop long
Aboun