Déforestation accélérée, la Chine pointée du doigt
A chaque minute une surface arborée équivalente à 30 terrains de football disparaît de la planète! Accusée de blanchir du « bois sale » importé illégalement d’Indonésie et de Papouasie Nouvelle Guinée, la Chine serait responsable de cette accélération de la déforestation.
Imaginez un terrain de football recouvert d’une pile de bois aussi haute que le Mont Everest et vous aurez une idée de la quantité de bois importée chaque année en Chine ! Face à l’ampleur du phénomène plusieurs équipes de Greenpeace ont décidé de réagir en centrant leurs efforts autour d’un objectif commun : surveiller, analyser et dénoncer un phénomène dont la gravité semble dépasser de loin les prévisions les plus pessimistes.
L’observation des filières d’exploitation forestière, les études sur le terrain et l’analyse des données satellitaires ont ainsi permis aux enquêteurs de mettre en lumière les principales causes d’une véritable spirale de destruction. Le rapport souligne entre autre l’évolution incroyable de la consommation de bois en Chine : entre 1995 et 2005 les importations auraient augmenté de 450 %! Or la quasi-totalité de ce bois provient de l’exploitation des forêts tropicales de Papouasie Nouvelle Guinée (située au Sud-ouest de l’océan pacifique) et d’Indonésie.
Telle une peau de chagrin ces forêts ancestrales voient leurs surfaces diminuer de 2 à 3 millions d’hectares chaque année. Une véritable hécatombe qui bouleverse l’écosystème, perturbe l’équilibre climatique et compromet toute forme de développement durable. Autre constat alarmant : l’abattage illégal prend des proportions tout à fait considérables dans ces régions et constitue une menace supplémentaire pour le patrimoine forestier mondial.
En effet des exploitants peu scrupuleux abattent des pans entiers de forêts sans se soucier des lois de protection en vigueur et écoulent illégalement des millions de tonnes de bois sur le marché chinois! En Papouasie Nouvelle Guinée pas moins de 90 % du bois importé par la Chine est abattu en toute impunité sur des zones forestières protégées. Les autorités locales sont souvent elles-mêmes impliquées dans ce genre de trafic ce qui explique l’absence de réelles sanctions. De son côté le gouvernement chinois prétend lutter contre ces pratiques illégales mais dans les faits aucune mesure concrète n’est appliquée!
Le ministre de l’industrie affirme que sur l’année 2005 la Chine aurait importé 2,7 millions de mètres cubes de bois en provenance de Malaisie. Les enquêteurs de Greenpeace ont voulu vérifier l’exactitude de cette déclaration en interrogeant directement le gouvernement malaisien : ce dernier dément l’information et affirme n’avoir exporté « que » 1, 2 millions de mètres cubes vers la Chine !
En réalité ces chiffres divergents reflètent l’ampleur des importations illégales en provenance d’Indonésie et de Papouasie Nouvelle Guinée dont profitent de grandes firmes chinoises. D’immenses cargaisons de bois exotique abattu frauduleusement sont déchargées à Zhangjiagang, un port de transit situé au nord de Shanghai.
Ce bois est ensuite exporté massivement vers l’Europe et les Etats-Unis sous forme de meubles ou de contre-plaqué. Il s’agit donc bien de « torts partagés » comme le suggère d’ailleurs l’intitulé du rapport. Et si la Chine fait figure de mauvais élève en terme de lutte contre la déforestation, il convient également de souligner l’immense part de responsabilité des firmes européennes qui achètent les yeux fermés un bois peu coûteux et d’origine douteuse.
Suite à la publication du rapport de Greenpeace certaines sociétés directement mises en cause ont choisi de stopper toute relation commerciale avec les firmes chinoises impliquées dans ces trafics illégaux. C’est le cas de la société Wolseley en Grande Bretagne ou encore de la chaîne Conforama en France. Le gouvernement chinois a également réagit (le jour même de la publication du rapport) en promettant la mise en place de nouvelles mesures visant à limiter la surconsommation en bois.
Pour plus d'informations http://www.greenpeace.org/raw/content/international/press/reports/sharing-the-blame.pdf
source : aleloo