La découverte a beau être exceptionnelle, c’est d’ailleurs la plus importante de ces trente dernières années, les fouilles seront recouvertes avec un remblai spécifique avant d’être abandonnées, faute de financement.
L’opération nécessitera l’emploi d’un bulldozer à chenilles larges, afin de ne pas rouler sur le sol meuble de la nécropole. Aux yeux bien tristes des archéologues, ces méthodes de conservations des vestiges constituent la meilleure solution d’attente avant une hypothétique reprise des fouilles. Retour sur un véritable scandale.
A Rosières-aux-Salines, sur une zone de sable s’étendant sur plus de 150 hectares, une gigantesque nécropole gallo-romaine a dernièrement été retrouvée. Près de 300 tombes ont à l’heure actuelle été recensées, de nombreuses autres attendent encore impatiemment qu’on les découvre. Les spécialistes sont absolument convaincus qu’une ville antique dense, comme le Toul de l’époque, devait se trouver à proximité. Or, nul écrit n’en fait mention. La mystérieuse cité reste donc à exhumer. Les archéologues pensent que ses vestiges doivent être enfouis sous la forêt qui jouxte la zone sableuse. La ville disparue devait certainement être située à un important carrefour commercial portant sur le sel, l’or blanc lorrain. La découverte de vases funéraires en provenance d’Italie en est la preuve.
Le problème, c’est que le site a été trop vite classé sans intérêt. Depuis, l’Etat français, bien embarrassé par l’ampleur et le caractère exceptionnel de la découverte, fait la sourde oreille, faute d’avoir provisionné les 800 000 euros nécessaires pour financer une nouvelle campagne de fouilles qui devrait durer deux ans. Et le plan de relance, il est où là ? Si ces fonds ne sont pas débloqués, le site sera recouvert et 90% des vestiges seront perdus. Pourtant, pour sauver ce qui peut encore l’être, les archéologues envisagent de protéger les sépultures par une bâche géotextile, puis de les ensevelir sous un mètre de terre. Le maire de Rosières a décidé d’entamer une longue marche pour sensibiliser les élus du secteur. Pour le moment en vain. Encore un nouvel affront fait à la Lorraine, une nouvelle injure faite à notre passé et à notre patrimoine. Paris ne veut vraiment que nous enterrer.