Afin de ne point raconter de carabistouilles fort involontaires lorsque vous commencerez a partager vos observations de piafs, voici un rappel des règles qu'il faut toujours avoir à l'esprit lorsque l'oeil se ballade entre les jumelles et le guide de poche...
-Remettre l'observation dans son contexte. Voir un élanion blanc sur une friche landaise n'a plus rien d'extraordinaire (même s'il faut sacrément pratiquer le terrain pour y parvenir - ou avoir un bol monstrueux..), par contre un chevalier grivelé américain dans un marais favorable mais sans violente tempête d'ouest préalable...est un "bête" guignette !
-Travailler aux critères morphologiques purs, la reconnaissance par coup d'oeil instinctif (ou "
jizz") qui marche a tout les coups ne le fait qu'enrichie de l'expérience et la mémorisation.
Donc utiliser un livre illustré de dessins (ceux avec des photos restent sur les étagères, en cas de nécéssité de recoupement un fois rentré) afin d'intellectualiser la comparaison et de discerner les caractères permettant l'id ("bec droit ?...bec droit...pattes jaunes ? ah non, oranges...ventre moucheté de brun ?...oui...")
Axer surtout ce travail sur le pattern du plumage -la répartition des couleurs et motifs- et tenir compte de la saison et de l'âge possible du spécimen, les livrées changeant parfois radicalement d'aout a septembre...
Moment de l'année ou les plumages dits "en eclipse" facilitent follement la tâche, car tout a fait bordéliques et méconaissables
-La taille : même le parfait débutant usera intuitivement de ce critère aux abords d'un groupe, et un oiseau tout juste en âge de voler fait toujours a une virgule près la taille de ses parents, seule son poids diffère - mais les plumes dissimulant la corpulence autant laisser tomber.
Personellement je ne tiens quasiment pas compte de ce paramètre, au profit des précédents, d'autant plus que les optiques induisent des avatars trompeurs avec la perspective...
J'y reviens éventuellement en cas de doute persistant, et si les conditions sont optimales (forte proximité, horizontalité du point d'obs'...).
Ce qui nous amène à...
-Les conditions : pénombre, éclairages rasants, contre-jour, brume...sont autant de facteurs d'annulation d'une certitude. Pas de solution, il en faut de meilleures, sinon une série de photos et des avis extérieurs sont requis.
-Enchaîner sur les comportements (les guides natures ont aussi du texte sur la page de gauche), a commencer par les plus simples : un limicole vu d'un peu trop loin, brun dessus et blanc dessous, d'assez petite taille et au bec sombre peut être bien des choses....mais s'il est solitaire, très mobile et hoche la queue comme une bergeronette au moindre mouvement brusque, c'est un chevalier guignette, plus la peine de batailler !
-Enfin le chant. Bon ca marche pas avec les oiseaux muets, mais qui sont en proportion assez peu nombreux et de grande taille, aisément reconnaissables au visuel s'ils sont posés. Alors entre les CDs et les mp3 de sites comme oiseaux.net, vous avez toutes vos chances !
J'en connais un paquet qui se trimballent des balladeurs numériques remplis de piafs qu'ils savent déjà probables sur le secteur prospecté, histoire de bosser en live...ben c'est une très bonne idée !
Qui, sans visibilité, ne vous met pas à l'abri des imitateurs...Ces dernières années j'ai entendu les étourneaux de mon quartier imiter le geai, les mésanges, le bécasseau variable...et une sonnerie de portable très répandue chez l'opérateur de téléphonie mobile connu pour son logo rouge !!!
Alors quand vous passez l'épreuve du feu, c'est a dire l'identification des rousseroles et autres fauvettes, tous si identiques et sobres d'aspect (c'est l'équivalent ornitho des russules chez les mycologues, ou des moucherons et cicadelles chez les entomos!), et que vous découvrez que parmi elles les hypolais ont la sinistre habitude d'imiter à la perfection...leurs proches cousines et néanmoins voisines, c'est a nouveau que vous prenez le chemin du tabouret et de la poutre au grenier...
Se construire ou emprunter certains moyens mnémotechniques pour bosser plus vite sur des choses basiques est également possible, l'exemple basique étant celui des goélands adultes:
-Dos gris, pattes roses : argenté
-Dos gris, pattes jaunes : leucophée
-Dos foncé, pattes jaunes : brun
-Dos foncé (bleu marine), pattes roses : marin
Si ca ne correspond pas, commencez a gratter du coté des becs cerclés, railleurs, etc....
Allez hop, demain tout le monde debout à la fraîche avant le lever du jour, et en treillis les jumelles en cravate à l'entrée du site !!!