Introduction au génie génétique
Comment parler de choses aussi complexes que la génétique tout en restant bon vulgarisateur ? C’est ce que nous allons nous efforcer de faire. Les propos qui vont suivre peuvent paraître simplistes aux personnes averties, mais il faut admettre que ce forum est ouvert à tout le monde, averti ou non.
Chaque être vivant possède dans le cœur de la cellule (le noyau), un « grand livre de cuisine » appelé ADN. Ce livre contient des « pages » que l’on appelle gènes, et sur lesquelles sont inscrites les recettes pour fabriquer des substances nécessaires à la vie que sont les protéines.
Si le livre est bien écrit, sans erreurs, les recettes sont réussies. Les protéines sont alors fabriquées normalement.
Si par contre le livre comporte des erreurs de recopies, par exemple, les recettes sont ratées, les protéines mal construites. On peut assister entre autre à l’apparition de maladies dites génétiques.
Prenons un exemple : Chez les personnes atteintes de la maladie génétique appelée anémie falciforme, il y a présence de gènes d'hémoglobine anormaux qui produisent une protéine d'hémoglobine non fonctionnelle, appelée hémoglobine S. Celle-ci déforme les globules rouges et leur donne la forme d'un croissant ou d'une faux (d'où son nom falciforme), en plus de les faire mourir prématurément. Ces globules rouges déformés se nomment aussi drépanocytes. Cette déformation rend fragiles les globules rouges. Ceux-ci se détruisent rapidement. De plus, leur forme inhabituelle rend leur passage dans les petits vaisseaux sanguins plus difficile. Il arrive qu'ils bloquent l'apport en sang de certains organes et provoquent des accidents circulatoires.
La maladie apparaît vers l'âge de six mois et se manifeste différemment d'un patient à l'autre. Certains n'ont que des symptômes légers et subissent moins d'une crise par an, pendant laquelle les symptômes sont exacerbés. Jadis, cette maladie était souvent mortelle chez les enfants de moins de cinq ans. Même si le taux de décès demeure élevé dans ce groupe d'âge, les traitements permettent désormais aux malades de vivre au moins jusqu'à l'âge adulte.
Qu’est-ce qu’un OGM (Organisme Génétiquement Modifié) ?C’est un organisme dont l’homme a rajouté des pages (des gènes) au livre pour qu’il se mette à fabriquer une certaine substance, une certaine protéine dont le rôle sera par exemple de détruire un parasite.
Dans le cas du maïs transgénique Bt, cette protéine s’appelle Cry1(A) et est une toxine pour la pyrale du maïs dont la chenille fore des trous dans la tige et provoque son écroulement.
Qu’à fait la nature en réponse chez la pyrale ? Elle a changé ses recettes (gènes) pour que la pyrale résiste à la Cry1(a). On dit que les individus ont muté et que les mutations favorables pour eux ont été sélectionnées.
Maintenant il paraît simple de corriger les maladies génétiques : il n’y a qu‘à recopier « les bonnes recettes », ou de faire un bon diagnostic prénatal.
Seulement voilà :
1.Est-il possible de modifier certains gènes de l’embryon?Des essais de thérapie génique (modifications de gènes anormaux) ont été tentés, mais avec difficultés. La réponse serait donc que ça pourrait être théoriquement possible, mais qu'actuellement l'application pratique est encore problématique. Bien entendu, ces essais concernaient des maladies génétiques très rares.
Michel Boulvain, maternité, Hôpitaux universitaires de Genève
2.Pour le diagnostic prénatal :« Le diagnostic prénatal concerne uniquement les grossesses à risque de maladies gravissimes et incurables au moment du diagnostic et ne peut conduire à une interruption médicale de grossesse qu’à la demande expresse de la femme enceinte elle-même dûment informée au préalable et après avis d’un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal. L’éventualité d’éradication d’une maladie génétique est fantasmatique : il y aura toujours de nouvelles mutations à l’origine de nouveaux cas, et ces cas seront hors d’atteinte du diagnostic prénatal ».
Pierre Leymane, ancien chef du département génétique et reproduction du CHU de Caen, Nathalie Leperrier, maître de conférences en Génétique au CHU de Caen. Jean-Michel