A qui appartient ce crâne???

Trouvé dans une forêt normande.

Je pencherais pour le chat avec de très gros orbite et un crâne un peu arrondi... et vous???

Je pense aussi qu'il s'agit d'un crâne de chat.
La forme générale et la dentition apparente semblent bien être les siennes.
La longueur de ce crâne s'inscrit également dans celle du chat sp.
Quant à savoir s'il s'agit de Felis silvestris (chat forestier) ou de Felis catus (chat domestique) c'est quasiment impossible sans les mandibules.
André

merci bien

le chat forestier n'aurait plus été observé en normandie depuis très longtemps

je viens de finir un livre sur le chat forestier, dans lequel est indiqué la présence de ce félin en Brenne (Indre) et en Sologne (Loiret, Cher, et Loir-et-Cher). Ce sont les données connues et vérifiées les plus occidentales actuelles du chat forestier.
Il est également présent dans les départements du Nord et de l'Oise.
Cette frange nord-ouest, est l'une des principales zones d'extension et de recolonisation de l'espèce en France.

Sinon il est présent dans le nord-est (Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Lorraine, Alsace, une partie de la région Rhône-Alpes), dans la bordure sud-ouest (Allier, Creuse, Cantal, Corrèze et Puy-de-Dôme). il est également présent dans les Pyrénées, la Haute-Garonne, l'Ariège et l'Aude.

Ces renseignements qui datent du milieu des années 2000, semblent conforme à ce qui était traditionnellement admis jusqu'à présent sur l'implantation de l'espèce, malgré le manque de données sur la distribution historique du chat forestier.

D'après tout ça, sa présence ne parait pas avoir été signalée en Normandie ni actuellement, ni à une période antérieure. As tu des éléments qui indiquent le contraire? ça m'interesserai beaucoup de le savoir.

non désolé pas plus d'info... désolé

c'est pas grave

J'ai trouvé ça. J'ai rajouté des choses entre parenthèse pour la compréhension, j'avais la flemme de recopier tout le paragraphe


« Les mêmes causes (le défrichage des grandes forêts, extension agriculture et augmentation population rurale) ont vraisemblablement fait disparaitre le Chat sauvage, mais plus tardivement, en raison de son exigence de domaines forestiers moins vastes (que le Lynx et le Loup) ; si l’espèce a réellement été présente dans la région, sa disparition doit se situer peu avant le 17ème siècle. La seule mention de cette espèce dans la bibliographie normande, un mâle capturé dans un terrier en Forêt du Perche vers 1760 (Letacq, 1906), n’est pas authentifiée. En outre, aucun spécimen formellement identifié d’origine normande ne figure dans les collections régionales. »


Groupe Mammalogique Normand (février 2004)- Les mammifères sauvages de Normandie, statut et répartition. Page126

Merci beaucoup g1982 pour ces recherches.

D'après mon bouquin, l'aire de répartition historique du chat forestier couvrait vraisemblablement toute l'Europe occidentale (jusqu'à la façade atlantique), méridionale et centrale. Cette zone se prolongeait sur l'Asie Mineure et le Caucase.
Cette aire de répartition originelle, s'est retrouvée morcelée à cause des changements climatiques et de la régression de vastes zones boisées, isolant et réduisant progressivement les populations. Il faut rajouter la destruction directe par l'homme(chasse et piégeage), qui l'a longtemps considéré comme nuisible, provoquant l'extinction de l'espèce de nombreuses régions d'Europe.
Ce déclin s'est surtout fait ressentir entre la fin du XVIIIe et le début du XXe siècle.

Depuis les années 1920, le chat forestier a regagné une partie de son aire d'orgine, recolonisant et augmentant ses effectifs. Pour l'ensemble de l'Europe, le taux de reboisement important, ainsi que le statut de protection accordé à l'espèce ont été déterminants.

A ce jour, le chat forestier est présent en Europe, sous forme de population isolées, et réparties sur des zones plus au moins vastes.
En France, il est présent dans 44 départements dont 9 avec des présences seulement marginales.

Les deux menaces principales considérées commes les plus dangereuses pour l'espèce sont la dégradation de son habitat, et l'hybridation avec des chats domestiques.
Les solutions pour préserver son habitat, passe par le rétablissement ou la création de couloirs écologiques (continuité forestière), dans le but d'assurer des liaison entre les populations pour rompre leur isolement et favoriser les échanges. Cest un projet en cours de réalisation en Allemagne (depuis 2007) , qui aménage des sentiers forestiers afin de connecter entre elles, les aires naturelles et les parcs nationaux du pays. Si l'intégralité du projet allemand voit le jour c'est plusieurs milliers de km qui seront aménagés.

Il semble en expansion en Limousin (assez commun et semble en reconquête en Creuse, par exemple)...

Il est assez commun dans le quart nord est de la France, ou il y a une des plus belle population de chat forestier d'Europe occidentale. C'est à partir de cette zone que sont revenues s'installer les populations d'une partie de la Belgique, du Luxembourg et d'Allemagne (Rhénanie-Palatinat, en Sarre du nord, et dans le Bade-Wurtemberg).
Malheureusement, il n'est pas très facile de l'observer compte tenue de ses habitudes principalement nocturnes.
Il est protégé en France depuis 1976.

Bonjour,
En ma qualité de coordinateur de la Centrale Mammalogique du Groupe Ornithologique et naturaliste du Nord - Pas-de-Calais, j'ai recherché la présence du chat forestier plusieurs décennies dans les grands boisements du Nord - Pas-de-Calais.
Ce chat n'était pas connu de cette région. A l'issue de mes travaux j'apportais la preuve que Felis silvestris était bien présent en département du Nord (absent du Pas-de-Calais), exclusivement en district Avesnois.
Je faisais état d'au moins 20 individus observés ou trouvés morts entre 1989 et 1999. Ceux-ci répartis au minimum sur 11 territoires bien distincts. Ces données publiées dans l'ouvrage dont j'ai assuré la coordination : "Les Mammifères de la région Nord - Pas-de-Calais. Distribution et écologie des espèces sauvages et introduites. Période 1978-1999. Le Héron, 33 n° spécial, 192 p.2000.
A noter que plusieurs autres écrits ont été publiés sur cette espèce sous ma signature dans diverses revues scientifiques.
Par ailleurs, une étroite collaboration avec le responsable national "Chat forestier" de la SFEPM s'est établie et m'a notamment permis de renforcer les critères de distinction entre Felis catus (chat domestique) et Felis silvestris.
André

Pour info, on trouve ce document de l'ONCFS:

La répartition du chat forestier en France: évolutions récentes, François Léger, Philippe Stahl, Sandrine Ruette, Jean-Luc Wilhelm, 2008

Sujet passionnant que cet animal en tous cas. André, pourrais-tu nous en dire plus sur les caractères permettant de le distinguer de F. catus (bonne sp., ou ssp. de silvestris?), les risques d'hybridation, etc... ?

Stéphane

Bonsoir Stéphane,
Mon Dieu, ce serait là d'interminables explications…

Pour en donner une idée je me permettrai de prendre l'exemple d'un sujet publié dans le bulletin du GON en mars 2004: " La détermination du Chat forestier (Felis silvestris) sur la base de critères visuels est-elle valide ? L'exemple d'un spécimen collecté en Avesnois (Nord, France)".
Dans cet article je propose de manière détaillée le rapprochement entre les critères comparatifs d'un chat femelle adulte trouvé mort, et certifié comme étant un chat "sauvage" et les données de la littérature spécialisée.
En conclusion, sur 24 critères analysés de cet examen morphologique il ressort que quasiment tous ceux-ci semblent bien se rapporter à Felis silvestris. Or, Léger, Stahl et Migot (office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) concluent, après réception du crâne que je leur ai adressé à un… chat domestique.
Il serait long et peu explicite pour non spécialistes d'en expliquer les raisons, mais cela démontre bien qu'il est plus que douteux de conclure avec certitude sur l'identité d'un chat, à plus forte raison quand l'observateur se réfère aux seules apparences physiques.
André

Merci pour le lien.